Lorsque j'avais 4 ans, la fille (6-7 ans) de notre voisine a essayé de me crever un oeil et de me noyer. Sa mère ne cessait de nous comparer et attirait son attention sur le fait que j'étais sage, gentille, belle,... C'est peut-être à cause de cette expérience, mais depuis ma tendre enfance, je méprise les personnes jalouses, alors, vous pensez bien que je ne pouvais pas être affublée d'une telle tare ! Quand j'ai commencé à regardé le processus de la colère, à le décortiquer, il m'est apparu que la jalousie était parfois là, derrière l'énervement, feu couvant sous la cendre. Autant dire que les premières fois j'étais horrifiée : trente années d'illusions sur ce défaut dont je croyais être exempte qui s'effondraient. Puis la tristesse s'est manifestée en même temps que l'acceptation, j'étais dévastée. Je préférais encore être qualifiée de coléreuse mais pas de jalouse. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'avais le choix entre sombrer dans la dépression ou comprendre l'inanité de m'identifier à mes tendances, de me croire définie par mes traits de caractère.
b) Une insatisfaction démasquée
Exemple : Mon voisin s'achète une belle voiture neuve alors que la mienne est vieille, et le voisin ne me paraît plus si sympathique tout à coup.
Je pense que ce n'est pas le bonheur des autres qui rend malheureux mais le fait de ne pas bénéficier des mêmes avantages. Nous ne sommes pas assez méchants pour souhaiter que les autres ne bénéficient pas du même bonheur.
c) Refus de s'investir
Parfois, ce que j'envie chez l'autre est à ma portée. Il suffirait que je m'investisse pour obtenir un résultat similaire mais je m'y refuse pour plusieurs raisons qui entraîne encore plus de colère teintée de révolte :
- La fénéantise : pourquoi faire des efforts pour un résultat certes agréable mais non vital ? En somme, je veux bien le résultat mais sans faire d'efforts. Et je supporte mal qu'un autre ait eu le courage de faire les efforts nénessaires car cela m'oblige à reconnaître ma fénéantise. Autrement dit, je suis jalouse de son courage, de sa pugnacité : au secours, je ne suis pas parfaite ! Je crois que malheureusement, derrière la fénéantise, se cache l'orgueil.
- L'orgueil : il faudrait que je m'abaisse à faire les mêmes efforts pour obtenir ce qui devrait être là spontanémént. Peut-être que je méprise ce que l'autre doit faire pour obtenir ce résultat et même si j'aimerais avoir ce même résultat, je ne suis pas prête à renoncer à des valeurs chères à mes yeux. De plus, les actions entreprises pour obtenir ce qui me manque me dévoileraient aux yeux des autres et je n'ai pas envie de m'exposer ou, encore pire, j'ai peur de ne pas réussir. Au moins, si je n'essaye pas, je peux toujours me leurrer sur le fait que si j'avais voulu, j'aurais pu.
2) Les répercutions de la jalousie
Citation : De la jalousie naissent la haine, le murmure malveillant, le dénigrement, la satisfaction de voir le prochain en difficulté, et la déception de le voir prospérer . (Saint Grégoire le Grand)
Souvent, nous ne sommes pas conscients de ressentir de la jalousie. D'ailleurs, quand quelqu'un nous le dit à ce moment-là, nous nions. Si nous ne sommes pas conscients, la suite échappera totalement à notre contrôle mais se produira néanmoins. Les réactions personnellement observées à ce jour sont : blesser la personne jalousée, la déprécier aux yeux des autres et essayer de contrôler son impact sur mon entourage.
a) Contrôler
b) Blesser
Parfois, nous allons réagir en nous vantant pour provoquer en retour la jalousie de l'autre.
Exemple : Une copine me vante les avantages de sa nouvelle maison et je lui montre un avantage qu'a la mienne et pas la sienne.
Le résultat donne alors une surenchère polie mais pourtant du niveau maternelle. Rappelez-vous, c'était du style : mon papa est mieux que le tien parce que ... Beurk. Bref, ces façons sournoises de gérer notre jalousie ne nous grandissent pas.
c) Critiquer
Un grand classique : faire la liste des défauts de la personne pour nous rassurer. Ainsi, nous pourons nous convaincre que nous n'avons rien à lui envier.
Exemple : si on nous vante la beauté d'une femme, nous allons dire par jalousie : "Dommage qu'elle ait de si grands pieds !"
3) Demain j'arrête la jalousie !
C'est une blague, bien sûr, car se débarrasser instantanément d'une tendance nourrie depuis très longtemps peut prendre du temps. C'est le premier pas qui m'a le plus coûté : prendre conscience de ma jalousie, très concrètement, et l'accepter. Quand, pourquoi, envers qui, comment ai-je réagi ?
a) Développer le contentement
Sachant que la jalousie naît de l'insatisfaction, je suis encore plus motivée pour essayer d'apprécier le moment présent et tout ce qu'il englobe. Mais je dirais presque que c'est un combat de chaque instant tellement la fuite est attirante pour ne pas dire fascinante, ne nécessitant pas le moindre effort, naturellement là. Et c'est normal puisque nous nous entraînons depuis très longtemps à fuir.
Entraînements :
- faire la liste des aspects positifs de notre vie : savourer un morceau de chocolat, un rayon de soleil, l'eau, une musique...
- Puis rentrer à l'intérieur pour vivre un plaisir, s'immerger dedans. Exemple : j'aime beaucoup le vent, et dans ces moments-là, je le laisse me traverser tout en douceur, je le respire, je le ressens, je fais corps avec lui et je deviens le vent.
Cet entraînement est beaucoup plus difficile si je ne suis pas dans un évènement particulièrement réjouissant mais j'avance pas à pas. J'essaye d'être heureuse en moi-même, en développant une espèce de bienveillance envers moi-même, comme si je me réconfortais. Ainsi, j'attends un peu moins que l'extérieur me rende heureuse.
b) Souhaiter le bonheur des autres
Souhaiter le bonheur de l'autre est le remède à la jalousie proposé par les enseignements bouddhistes. Je pense que cet état d'esprit ne peut être calculé, sous peine d'hypocrisie. Il doit se manifester spontanément et pour cela, il me semble que le mieux est de développer la conscience de nos réactions de jalousie et la compréhension de leurs fonctionnements comme nous l'avons vu plus haut. La compréhension, comme je l'ai déjà dit pour la colère, est, à mon avis, le meilleur moyen d'avoir une action juste.