LITHOTHERAPIE - EVEIL

Le jugement


Citations :

  • Juger est une illusion parce que si vous devez juger, vous vous servez de votre propre échelle de valeurs. Derrière le jugement se cache la croyance que tout le monde est identique. (Svami Prajnanpad)
  • L'on fait bien de constater simplement les choses qui ne peuvent pas changer sans déplorer les faits, ou même les juger. (Rainer Maria Rilke)
  • Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements relatifs aux choses. (Epictète)
  • Si un élément externe vous fait souffrir, votre douleur n'est pas causée par cet élément en tant que tel mais par votre propre jugement de cet élément; et vous avez le pouvoir d'annuler ceci à tout moment. (Marc Aurèle)

1) Constatation ou jugement ?



Exemples :

  • Untel a eu un accident de voiture (tôle froissée) : constatation

  • Untel a encore eu un accident de voiture (tôle froissée) : jugement moral car il y a un sous-entendu, que ce n'est pas bien qu'untel ait eu un accident, que cet accident ne devrait pas être arrivé.

  • Cet oiseau est bleu : constation
  • Cet oiseau est d'un joli bleu : jugement car un certain bleu est considéré arbitrairement et selon les valeurs du moment d'une personne, comme plus beau qu'un autre. En effet, si une nuance de bleu est considérée comme jolie, c'est obligatoirement relativement à une ou plusieurs autres nuances qui ne le seraient pas.

Le jugement esthétique est considéré comme un point de vue personnel qui n'obéit pas à des règles particulières.

Exemple : personne ne s'attend à ce que tout le monde préfère les vêtements bleus plutôt que les vêtements marrons : les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas.

Le jugement moral, c’est-à-dire l’appréciation portée sur la valeur d’une chose, d’une action ou d’une personne (plus rarement d’une pensée, voire d’un sentiment), par contre, est beaucoup plus codé, admis par la majorité:

Exemple : la guerre, c'est mal ; mentir est mal, offrir des fleurs est bien, ...


2) Mécanisme du jugement moral


Nos conditionnements nous amènent à juger et la peur renforce nos jugements.

a) Les conditionnements

Le jugement moral sous-entend qu'un évènement est contraire à ce qu'il devrait être selon nos propres normes héritées de notre éducation, de la société,... L'évènement est donc comparé à ce qu'il devrait être car il n'est pas accepté tel qu'il est.

b) La peur

Nous nous conformons à nos conditionnements car depuis l'enfance, il y a une peur de ne pas être aimé, de nos parents d'abord puis d'autres êtres chers ensuite, si nous ne faisons pas ce qu'ils attendent de nous.

Exemple : quand j’étais enfant, mes parents me reprochaient de ne pas deviner à quels moments ils avaient besoin de moi. Je pense que j’ai travaillé à mieux comprendre les autres pour être aimée, par peur d’être isolée. Et moi qui me croyais altruiste ! Maintenant, je me regarde faire quand je suis dans une action « altruiste ». La question n’est pas d’arrêter d’être altruiste bien sûr, de toute façon c’est devenu un automatisme et, ça me facilite grandement la vie. La question pour moi est plutôt de regarder ma motivation dans ces moments-là, être le plus honnête possible avec moi-même, de voir la zone d’ombre.


3) Vouloir devenir meilleure


Je perçois que mon envie de devenir meilleure est liée au jugement qui est lui-même lié aux conditionnements hérités de l’éducation, de la société,…

J’ai bien essayé de regarder mes conditionnements et, de temps en temps, j’en vois un mais ce n’est pas évident de prendre conscience de quelque chose qui nous imprègne depuis si longtemps qu’il paraît normal.

Exemple : j’imagine la révolution qu’a pu être la nouvelle que le Terre était ronde et non plane pour les gens de l’époque en question. Ca leur demandait de changer de perspective : au lieu de voir la terre depuis leur position, il fallait qu’ils la voient depuis l’espace.

Parfois, la volonté de s'améliorer cache une envie de confort affectif, d'être aimé. On fait tout ce qu'on peut pour rentrer dans le moule par peur d'être abandonné. Mais j'ai toujours pensé que c'était se trahir soi-même de faire le jeu de l'autre, ce qui ne me paraît pas sain. Si l'autre ne peut pas nous accepter comme nous sommes tout autant que nous de l'accepter comme il est, je me demande par quel miracle la relation pourrait fonctionner !

Il peut également y avoir une volonté de devenir meilleure pour pouvoir s’identifier aux qualités supposées des éveillés. J’ai bien aimé la démonstration de Jed McKenna sur les vampires (Spiritual enlightenment, the damnedest thing) : ce n’est pas parce qu’on va se limer les canines en pointe, éviter la lumière et dormir dans un cercueil qu’on va devenir un vampire. Donc, ce n’est pas en imitant les qualités supposées des éveillés qu’on va s’éveiller.


4) Conséquences du jugement

a) Le jugement renforce la dualité

Si tout n'est qu'Unité, sans séparation, alors, à chaque fois qu'on juge qu'une chose est mieux qu'une autre, on sépare. C'est comme si on disait que notre hanche gauche est mieux que notre hanche droite ! Ca n'a pas de sens mais on le fait tout le temps et c'est normal parce qu'on n'a pas encore conscience de l'Unité !

Exemple : Le bien et le mal sont relatifs. L'un ne peut exister que par rapport à l'autre. Le bien n'aurait pas de raison d'être défini comme tel si le mal n'existait pas. Tout comme "grand" n'existe que relativement à "petit", on ne compare pas le "sec" et le "grand".

b) Le jugement renforce notre part d'ombre

J’ai souvent entendu dire que le jugement était un « obstacle » à l’éveil sans comprendre pourquoi. Je n’avais pas vu qu’à chaque fois qu’on juge, on privilégie un aspect, très arbitrairement, selon des valeurs qui nous sont propres à un certain moment, et que du coup, on met dans l’ombre l’autre extrême de l’aspect en question. Ce qui est mis dans l’ombre inconsciemment et bien qu’étant ignoré va prendre de l’ampleur avec le temps, va nous poser problème.

Exemple : on est généreux parce que nous avons été éduqués pour l'être, nous avons été culpabilisés à chaque fois que nous étions égoïstes. Donc à chaque fois que nous avons été généreux contre notre gré, sans en avoir conscience, nous avons mis dans l'ombre notre égoïsme. Mais cette ombre grandit avec le temps, à chaque action "généreuse", parce que nous n'avons pas vu ce mécanisme.

Un jour, nous sommes confrontés à une de nos ombres et nous prenons alors conscience de son existence. Nous ne savons pas de quoi elle est constituée mais nous pensons qu'elle peut nous faire souffrir, sinon pourquoi l'aurions-nous enterrée. Cette peur nous fait percevoir l'ombre grande comme une montagne. Mais si on s'attèle à la tâche de regarder exactement en quoi consiste cette ombre, nous verrons que ce n'était qu'une taupinière et que c'est la peur qui la grossissait.


c) Se juger soi-même

Nous sommes parfaits tels que nous sommes puisque nous ne sommes que le résultat de conditionnements : nous ne pourrions être autrement.

5) La nature ne juge pas


C'est vrai que c'est difficile d'admettre que le bien et le mal existent en mode duel mais pas en mode ultime. Ils existent en mode duel parce que nous jugeons avec nos conditionnements, nos peurs.

Ce qui m'aide, c'est de regarder vivre mon chat : aucune de ses actions n'est positive ou négative, il ne fait que ce qu'il a envie de faire. Et ce n'est ni bien ni mal.

6) Arrêter de juger : s'aimer

Je comprends (toujours intellectuellement) l’intérêt de s’aimer soi-même. Ne serait-ce que dans le cas de l’effet miroir : Comment aimer ce que l'autre nous renvoie de nous-mêmes si nous ne nous aimons pas ? Donc si on s’aimait, ce serait la fin des conflits avec « l’extérieur ».


Entraînements :

  1. Le seul accès que j’ai à mes conditionnements, c’est de prendre conscience à chaque fois que je fais quelque chose en me forçant, pour respecter des codes sociaux ou familiaux (ou personnels que je me suis rajoutés) par exemple. Je me suis rendue compte que ce que je fais en me forçant est souvent lié à une peur de ne pas être aimée, de me retrouver seule.
  2. Je m'entraîne à reformuler mes paroles et pensées qui sont des jugements, quand je les vois. Au lieu de dire : "il fait froid", je dis "j'ai froid".
  3. Je me répète de temps en temps que je suis très bien comme je suis !
  4. J'essaye de ma rappeler que tout est parfait, que tout est Un.