LITHOTHERAPIE - EVEIL

La perte des repères

Un ami m'a parlé récemment de la perte ou de l'absence de repères, et ça a fait tilt. Je n'avais pas pensé à mettre ce mot-là sur ce qui se passait.
C'est vrai que j'observe une non-réaction face à certaines situations qui, auparavant, auraient amené un rejet. Et là, je reste neutre.
Après, je me pose des questions et je me dis que la prochaine fois, quand même, il faudrait que je réagisse..
Et bien, non, une situation similaire se représente et ça ne me vient même pas à l'esprit de réagir ; ça ne me dérange pas. D'ailleurs je ne suis plus très sûre de savoir pourquoi il faudrait que je réagisse.

J'ai quand même été très attachée à l'éthique et je trouve surprenant de ne plus voir le "mal" là où je le voyais avant et, en même temps, je me demande pourquoi j'avais fait un tel tri tellement ça me paraît absurde maintenant.


L'image qui me vient pour expliquer cela est celle d'une maison. Une maison qui se vide de ses meubles petit à petit. Chaque meuble étant un attachement, une croyance...

Avant qu'un attachement ne prenne fin, il y a une peur de le lâcher. Est-ce que je peux vivre sans cet attachement, est-ce que je peux être heureuse sans cet attachement ? Mais, si on regarde bien, on peut se rendre compte que cet attachement ne nous rend pas si heureux que ça. Il est contraignant, il est changeant dans la mesure où on ne peut pas le contrôler. Donc il apporte ses joies et ses souffrances. Mais il fait partie de notre vie, parfois c'est un des meubles les plus importants et les plus lourds de la maison : le genre de meuble dont on pourrait croire qu'il est indispensable.


On n'est pas encore prêt à lâcher parce qu'on se rappelle tout ce que ça nous a apporté, tous les moments heureux : que des souvenirs. Là, dans un présent sans souvenir, il y a un sentiment de contrainte mais le passé nous aliène, nous maintient dans une situation, par habitude, persuadé que tout redeviendra comme avant. Soyons honnête, rien ne redevient jamais comme avant. Seul, ce qui se passe dans le présent compte.


Et puis, un jour, on voit enfin que la situation ou la personne qui nous semblait si vitale dans notre vie ne nous rend pas si heureux qu'on le croyait, qu'il y a comme un enfermement, un étouffement... On voit qu'on ne se sent pas libre de faire ce qu'on veut, on ne se sent pas libre d'Etre sans essayer de se conformer à l'image que nous avons de nous-mêmes. Cette fameuse image que nous croyons indispensable pour que les autres nous aiment...


Et là, enfin, on est prêt à laisser partir le meuble. Parfois, clore la situation avec la personne aide, parfois ce n'est pas nécessaire et la conclusion se fait toute seule, sans nous. Sur le moment, c'est un peu stressant, on n'est pas sûre de bien faire, on a peur du vide que ça va amener dans notre vie. Peur de la solitude.


Mais la première sensation que je remarque quand je laisse partir un attachement, c'est... le soulagement. Une sensation de légèreté, de liberté.

Je retrouve le sourire !



Mais quels sont tous ces repères auxquels nous obéissons inconsciemment par peur. Peur, par exemple, que les autres ne nous aiment plus, peur ne nous retrouver tout seul. Pour plaire aux autres, nous essayons d'être autre que ce que nous sommes, nous avons le désir de nous améliorer, ce que j'appelle le désir de perfection. Cela faisait un moment que je tordais le cou régulièrement à ce désir de perfection quand je le voyais se manifester mais je n'avais pas vu toutes les tentacules qui s'en échappaient.


Bien sûr, l'idée n'est pas de tout arrêter : arrêter d'être gentil par exemple. Il s'agit plutôt de regarder pourquoi on le fait, pourquoi on est gentil. Une fois que la peur qui se cache derrière ce désir d'être gentil est démasquée, on n'est plus gentil par "obligation inconsciente" mais par plaisir.