LITHOTHERAPIE - EVEIL

Le moment présent


Être présente n’est pas quelque chose que je peux me forcer à faire. Je peux juste générer des causes indirectes qui vont rendre la présence au moment présent accessible. Il s’agira alors d’une invitation : il y a une facilité à ce moment-là à lâcher ma fascination pour les projections mentales et à rester présente à ce qui est.

Par exemple, rencontrer l’éveillé que je suis actuellement, lire des textes de lui ou écouter des enregistrements de ses entretiens est d’une grande aide. Cela peut mettre en lumière un point sur lequel mon mental va s’arrêter. C’est-à-dire que cette idée va me trotter dans la tête : c’est une invitation à y réfléchir, à la contempler, à regarder en quoi elle s’applique à mon vécu.

Tout cela va me ramener à pouvoir rester dans le moment présent. Puis, le regard va changer, la perspective va se modifier. Au lieu d’être projetée vers un objet que je regarde, le corps tendu vers lui, le regard va se défocaliser pour intégrer ce qu’il y a à droite et à gauche de l’objet. Le regard est toujours dans la direction de l’objet mais la vision périphérique est active : la vision englobe la totalité du champ de vision.

Puis la vision se rapproche encore de moi, je deviens consciente du tour de l’œil, de l’arête du nez, du sourcil… Je suis dans ma tête, j’habite mon corps.

Je peux à nouveau regarder l’extérieur mais en étant regard, en étant consciente de là où part le regard. Je ne me projette plus vers l’objet bien que je vois l’objet.

Je perçois qu’il y a des degrés dans la présence. Une fois qu’on est attentif au sujet, à ce qui regarde, on continue à reculer en soi, vers l’arrière-plan, littéralement vers l’arrière du crâne, à sa base.

Ce qui m’aide le plus à demeurer dans l’arrière-plan, c’est quand je ressens que de là où part le regard, il n’y a rien. Un espace, car je ne peux trouver l’origine du regard. Ou le rappel que je suis conscience pure, ou que je suis l'océan et les pensées juste des vagues à la surface de l'océan... Cela s'accompagne d'une détente du corps, je ressens une sorte d'abandon.

Toutes ces étapes ne peuvent être forcées. Par moment, elles sont accessibles et je réponds à leur invitation : j’essaye d’y rester le plus longtemps possible, le plus souvent possible. Ces invitations commencent à se produire aussi lorsque je suis en pleine activité, en train de conduire, de préparer le repas, de discuter avec quelqu’un. Je laisse donc la présence d’arrière-plan s’étendre petit à petit à tous les domaines de ma vie de façon de plus en plus permanente.

Cette présence d’arrière-plan permet l’observation du corps-mental, permet de voir que je ne suis pas mon corps, mes pensées. La volonté, l’envie de contrôler diminuent. L’esprit est clair mais le besoin d’intervenir s’efface. Des actions continuent à se produire mais sans que je m’en sente propriétaire, je contemple le spectacle du rôle joué par mon personnage dans ce merveilleux film qu’est la vie. Tout doucement, l’identification au corps-mental diminue. La personnalité devient moins dense, plus transparente.