Il faut prendre le temps de ressentir la signification de cette question car c'est à ne pas confondre avec "donner du sens à sa vie". Travailler dans un domaine humanitaire ou penser être investi d'une mission peuvent permettre de donner du sens à la vie mais ne répondent pas à la question.
Plus j'y réfléchis, plus il me semble qu'il faut aborder la question sous un angle différent de l'approche directe.
1) La vie est-elle un mirage ?
Imaginons-nous dans un désert brûlant : nous voyons au loin un mirage. Quel est le sens de ce mirage ?
Vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il n'y a aucun sens à trouver. Le mirage est uniquement la résultante de causes et de conditions (chaleur, air, incapacité du cerveau à corriger la distorsion de l'image de l'horizon) mais n'a pas de sens en soi puisque nous voyons une image de caravanes et d'eau inexistantes.
Il me semble que de la même façon, la vie telle que nous la percevons est une illusion résultant de causes et de conditions mais n'a pas pas de sens particulier. Notre perception de la vie est illusoire car nous nous trompons en croyant être solide, immuable, indépendant de notre environnement.
Exemples :
- Si nous recevons un coup de poing dans le nez, nous n'allons pas dire : "Ce n'est pas grave, je ne suis qu'un assemblage d'atomes, donc composé de vide à 99,99 %".
- Il n'y a qu'à voir également comment nous réagissons à la maladie, aux rides, aux cheveux blancs. Nous avons beau savoir intellectuellement que nous ne sommes pas éternels, nous avons l'impression d'être victimes d'un crime de lèse-majesté.
Quel sens pourrions-nous trouver à quelque chose que nous n'appéhendons pas correctement ? Et lorsque nous aurons une perception plus juste de la vie, que nous ne serons plus dans l'illusion, la question elle-même n'aura peut-être plus aucun sens tout comme chercher un sens à un mirage est absurde. Cela n'empêche pas le mirage d'apparaître mais comme nous sommes conscients que ce n'est pas de l'eau, nous ne courons plus après.
C'est le genre de raisonnement qui me donne envie d'éclater de rire, un peu comme si de temps en temps, je prenais conscience que je suis en train de jouer dans un film, le film de ma vie.
2) Faut-il être désespéré ?
Je m'entends souvent dire que cette théorie sur le sens de la vie peut conduire au suicide. Ce à quoi je réponds invariablement que le fait de rêver toutes les nuits et de réaliser au matin l'inconsistence de ces aventures ne nous conduit pas au suicide. Le réveil s'accompagne soit de soulagement si c'était un cauchemar (ouf, ce n'était qu'un rêve !) soit d'amusement.
De plus, quoi que nous fassions dans nos rêves, que nous soyons heureux ou que nous mourions, ce qui est sûr, c'est que le lendemain, nous recommençons à rêver. Et s'il en était de même pour la vie : si tout recommençait encore et encore, à notre mort ? Dans ce cas, mourir ne serait pas une voie de sortie.
Et si notre seule chance de salut était de réellement comprendre ce qu'est la vie, qui nous sommes ? Histoire d'arrêter de courir après des mirages !
3) Vivre
Citation : Le secret, il se trouve dans le fait de connaître la nature véritable de l’entreprise de vivre, dans le cheminement conscient. Il n’est donc pas dans l’expérience de l’Illumination, dans l’Éveil proprement dit, mais dans le cheminement conscient vers cette expérience ultime. C’est ainsi que l’on peut dire que le but, pour nous qui cheminons, est dans le cheminement même. (Lao-Tseu)
